J’allume une étoile

Louisette Dussault s’est éteinte le 14 mars dernier, à l’âge de 82 ans. On se souviendra d’elle comme d’une comédienne lumineuse, inclassable et engagée. Pionnière du théâtre québécois, elle a cofondé trois compagnies théâtrales (l’Amorce, le Huitième étage et les Enfants de Chénier) et joué, entre autres, Tremblay, Ducharme et Jovette Marchessault. Pendant un demi-siècle, elle a brillé aussi bien sur scène qu’au cinéma et à la télévision. Dans Les Fées ont soif de Denise Boucher, elle incarnait une statue de la Sainte-Vierge qui aspirait à devenir une femme à part entière. Elle a écrit et interprété tous les rôles de la pièce Moman qui a tourné dans toute la francophonie, après son succès au Québec. À la télévision, elle a tenu le rôle-titre de la toute première série quotidienne québécoise, Marilyn, écrite par Sylvie et Lise Payette.

Louisette Dussault dans son rôle de la Souris verte (1964)
Louisette Dussault (1940-2023) dans La Souris verte, photo d’archives de Radio-Canada, j’ai fait la colorisation.

Mais pour moi, elle restera pour toujours la Souris verte qu’elle a incarnée de 1966 à 1971. J’ai grandi dans un foyer où la chaleur était rare, la souris verte m’a appris la douceur, la bienveillance, l’humour et la curiosité. La télévision (et plus tard les disques 33 tours) m’ont offert ce personnage comme un repère solide. Encore aujourd’hui, le souvenir de sa lumière me fait du bien. Merci Louisette.

 

Pour en savoir plus :

Carrés aux dattes

Marilou et Ricardo n’ont qu’à bien se tenir. Ce premier billet de 2023 est encore une recette ! Celle-ci vient de madame Louise Lafrance Poulin, de Québec. Les carrés aux dattes auraient une origine germanique. Cette façon de faire les gâteaux aux fruits en plusieurs couches, recouverts d’un «.streusel.» est typiquement allemande. La recette aurait été apportée dans les provinces de l’Ouest par les communautés mennonites arrivées au Canada à partir de la fin du XVIIIe siècle. Elle a été popularisée durant la Grande dépression des années 1930, elle permettait de faire un dessert savoureux en économisant la farine et le sucre blanc.

Carrés aux dattes du 8 février
Carrés aux dattes du 8 février 2023

Carrés aux dattes

  • 1 ¾ t. de gruau
  • ¾ t de beurre ou de graisse
  • 1 ½ t. de farine
  • ¼ c. à thé de bicarbonate de soude
  • 1 t. de cassonade

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Art postal · Le lièvre d’Amérique

Gringalet aux yeux d’or, il a bien peu de points communs avec les lapins des livres d’enfants. J’ai grandi à la campagne et ses apparitions fugaces me fascinaient. C’est un animal fébrile, constamment aux aguets, un expert de la feinte et de la fuite. Sa vie sera brève et il ne l’oublie jamais. Voici le lièvre d’Amérique. Graphite et aquarelle, décembre 2022.Lièvre d'Amérique

Le bonheur des oiseaux

En ce temps troublé, dans nos vies confinées, reste le plaisir d’observer les oiseaux, de nos fenêtres ou de nos balcons.

Les vents des derniers jours ont été favorables aux oiseaux migrateurs. Très tôt ce matin, une grive des bois de passage, Hylocichla mustelina, chantait dans la ruelle, derrière chez moi. Cette espèce est en déclin, possiblement à cause de la déforestation, au Québec comme dans ses quartiers d’hiver, en Amérique centrale.


Le chant de la grive des bois se compose de phrases musicales de cinq ou six notes et se termine en trille doux. Je l’associe aux premières lueurs de l’aube et aux mystères de la forêt. (Audio © Lang Elliott, Bob McGuire, Kevin Colver, Martyn Stewart, Audubon.org.)

Les jours d’été ne seraient pas les mêmes sans la gaieté et le vol ondoyant du chardonneret jaune, qui porte très mal son nom scientifique, Spinus tristis. Il chante souvent en volant, modulant son phrasé au rythme de ses ondulations. Dans la plupart des régions, les chardonnerets nichent tard en saison, en juillet et en août, au moment où les graines dont ils se nourrissent sont les plus abondantes : asclépiade, aster, tournesol, chardon, etc.


Jours d’attente

Pour rétablir un certain équilibre dans mon quotidien, je me suis remis à la lecture, en bande dessinée notamment. J’attendais avec fébrilité Jours d’attente de Simon Leclerc et Thomas Desaulniers-Brousseau. Icare et le géant, le film réalisé par Simon Leclerc en 2011, fait toujours partie de la compilation des «best-of» du programme de dessin animé.


Un déserteur doit se réfugier dans la maison de son grand-père au fond des bois. En attendant la fin de la guerre, il s’intéresse au passé trouble de ce bâtiment qu’il s’affaire à rénover. L’histoire de Thomas Desaulniers-Brousseau, toute en nuances, se déploie lentement, en strates multiples. Mais ce sont les images somptueuses de Simon Leclerc qui m’ont fasciné. La nature y devient magique ou sacrée. Elles brouillent les frontières entre le souvenir, le rêve éveillé et le fantasme. Je n’avais qu’une envie, me baigner dans cet univers et en explorer toutes les facettes.
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Kapakᵘ

À l’arrivée des Français à Uepishtikueiau (là où le fleuve se rétrécit, site de Québéc), au début du 17e siècle, plus de 300 langues autochtones sont parlées à travers l’Amérique du Nord. Plusieurs de ces langues sont aujourd’hui disparues. La langue innue nous est parvenue. Elle appartient à la famille des langues algonquiennes qui comprend une trentaine de langues (dont l’attikamekw, le micmac et le cri).

L'arrivée des Français

Premier dessin d’un projet de fanzine sur l’innu aimun, la langue innue. J’ai zigonné vraiment longtemps sur les reflets sous la chaloupe, mais je n’en suis pas encore satisfait…