Inventaire de vacance

Pointe Est de l'Île-aux-lièvres
Pointe est de l’Île aux lièvres
  • Manger une poutine à la Fromagerie Lemaire de Drummondville, sur la Transcanadienne ;
  • Boire une limonade aux fraises au bout du quai de Saint-Jean-Port-Joli ;
  • Escalader un cabouron à Saint-Germain-de-Kamouraska pour contempler le Fleuve Saint-Laurent d’au-dessus des terres ;
  • Entrevoir le croupion jaune d’une paruline tigrée, entre les branches d’un pin gris ;
  • Écouter les histoires rocambolesques d’une dame franco-canadienne à l’auberge de jeunesse de Rivière-du-Loup ;
  • Partager un dortoir avec des inconnus qui ronflent, qui boivent et qui ont des nuits agitées ;
  • Suivre des yeux le dos blanc des bélugas en chasse, au large de Rivière-du-Loup ;
  • Pique-niquer avec le Poutet dans le vent du large, sur la grève de l’île aux lièvres ;
  • S’avancer dans le Fleuve jusqu’aux chevilles, être saisi par le froid ;
  • Sursauter en entendant le souffle puissant d’un petit rorqual ;
  • Prendre la traverse de Rivière-du-Loup à Saint-Siméon ;
  • Marcher à flanc de montagne jusqu’à la plage de l’anse aux sables, près du village de Baie-des-Rochers ;
  • Monter la côte des Éboulements et réaliser que les voitures hybrides en autopartage ne sont pas infaillibles ;
  • Traverser le pied de lumière d’un arc-en-ciel sur une route de Charlevoix ;
  • Boire une blanche de Charlevoix à l’auberge La fascine sur L’Isle-aux-Coudres ;
  • Se baigner jusqu’aux genoux au milieu des cascades de la Rivière des Boudreault ;
  • Découvrir l’héritage des Petites franciscaines et leur importance dans le développement de Baie-Saint-Paul ;
  • Rentrer en ville le cœur encore plus assoiffé de vent et de nature.

Mes outils d’écriture

Octobre, déjà! Depuis le début de la pandémie, j’ai l’impression que le temps s’accélère. N’empêche que je ronge mon frein en attendant le début du National Novel Writing Month (NaNoWriMo pour les intimes) en novembre. La hâte de plonger dans ce défi d’écriture se dispute à l’inquiétude de ne pas y arriver. J’en suis à l’étape de la préparation du roman à écrire. J’ai mis en place les grandes lignes de l’histoire. De nombreuses questions restent en suspens, mais je sens que l’on s’affaire dans l’arrière-boutique de mon esprit. Je dois faire confiance à ce qui n’est pas pleinement conscient, au corps, aux rêves et au subconscient.

Technophile, j’ai choisi avec soin les outils qui m’accompagneront dans ce mois d’écriture. L’ampleur du défi (50 000 mots en 30 jours) m’a fait renoncer à l’idée d’écrire à la main. J’ai longtemps utilisé Ulysses pour la rédaction, charmé d’abord par son nom puis par son design épuré. Malheureusement, ce logiciel ne fonctionne que sur Mac. J’ai donc cherché une solution de rechange et j’ai découvert Scrivener. Lire la suite

Le sage de Concord

Depuis la fin des cours en animation, j’ai été pris d’une frénésie de lecture. Le papier, les mots en caractères d’imprimerie et les idées m’ont manqué pendant ces quatre années. Et grâce à l’émission Les chemins de la philosophie sur France Culture, j’ai découvert les textes de Ralph Waldo Emerson que l’on considère comme l’un des premiers philosophes américains. Il a été l’ami et le mentor d’Henry David Thoreau. Son ouvrage Nature est un tout petit livre, gorgé de lumière et de poésie :

Je ne suis pas seul tandis que je lis ou écris, bien que personne ne soit avec moi. Mais si un homme veut être seul, qu’il regarde les étoiles. Les rayons qui tombent de ces mondes célestes le sépareront de ce qui l’environne. Il est permis de penser que l’atmosphère a été créée transparente dans le seul but de donner à l’homme, par l’intermédiaire des corps célestes, le sentiment de la présence constante du sublime.

La nature, illustration
Illustration de Christopher Pearse Cranch pour Nature, de Ralph Waldo Emerson (1836) CC

Le plus grand plaisir que procurent les champs et les bois est la secrète relation qu’ils suggèrent entre l’homme et les végétaux. Je ne suis pas seul et inconnu. Ils me font signe et moi de même. Le balancement des branches dans la tempête est nouveau pour moi et ancien. Cela me prend par surprise et pourtant ne m’est pas inconnu. Ses effets sont semblables au sentiment qui me submerge d’une pensée plus haute ou d’un sentiment meilleur lorsque j’estime que j’ai bien agi ou pensé avec justesse.

Extraits tirés de La nature par Ralph Waldo Emerson, traduit de l’américain par Patrice Oliete Loscos. Le texte original est disponible sur le projet Gutenberg.

La vallée

Le projet avance. Voici, en primeur, trois des décors du court-métrage sur lequel je travaille en ce moment : Solstice. Mon protagoniste marche pieds nus ce qui signifie que je dois dessiner 120 orteils pour chaque seconde de film. (J’ai une espèce de dyslexie pour les orteils. Il m’arrive fréquemment de dessiner deux pieds gauches ou deux pieds droits). Quand l’animation me sort par les oreilles, je me repose en peaufinant les décors. Les hautes herbes me permettront de prendre une pause d’orteils dans quelques scènes. Je dois remettre tout le matériel : animation, décor, couleurs et effets le 9 mai. Et la première (en ligne) aura lieu le 26 mai 2021 !

Le jour s’apprête à se lever sur une vallée que le personnage découvre en sortant de la forêt.

Tous les décors sont en multiplan. La brume sera animée et traversée de lucioles.

Dessinés dans Photoshop, les effets finaux (le soleil qui se lève, par exemple) seront réalisés avec After Effects.

Retour au film

Le retour au travail est un choc pour le corps. À l’adaptation aux nouvelles tâches et aux quarante heures s’ajoute la technologie qui fait des siennes. Ma débrouillardise est régulièrement poussée à ses limites. Mais jour après jour, j’y arrive. Et malgré la confusion des six derniers mois, j’ai su garder le cap. Je profite en ce moment des avantages du télétravail. Après la fête du travail, je retourne au bureau avec une certaine inquiétude.

Chaque matin depuis le début du confinement, je traverse au parc La Fontaine. J’y ai repris la course. Et les jours de repos, je viens m’y asseoir avec un café pour dessiner avant le début de la journée de travail. Ce rituel est essentiel à ma santé mentale. Dans la pente laissée en friche près de l’étang, le bruissement des grillons a remplacé le grelot des crapauds. Ce son me fait du bien. Il dit qu’à la fin, quand les hommes auront été au bout de leur saccage du monde, la vie sera toujours là. La vigne vierge et la vigne des rivages s’y emmêlent aux verges d’or et aux chardons. Je crois y apercevoir un aulne et un rosier sauvage ainsi qu’une myriade de plantes que mon ignorance laisse dans le noir.

Après avoir arrêté les cours à la fin mars, j’ai pris quatre mois de recul, un temps où je me suis concentré sur la préparation de mon portfolio et la recherche d’emploi. Des démarches qui se sont révélées fructueuses. Même si mon temps est désormais limité, l’envie de terminer le projet de film n’est pas complètement éteinte. Et en revoyant ce premier plan, presque terminé, je retrouve l’envie de m’y replonger.

Pour cette scène, il me reste à ajouter des ombres pour modeler la panthère. Peut-être ajuster la taille des grains de poussière. Des détails que je garde pour la fin. Je dépose cette scène ici comme un souhait. Celui de terminer ce film. Et peut-être un jour, qui sait, de le voir projeter sur un grand écran.

Comment dessiner les oiseaux

La section californienne d’Audubon a récemment mis en ligne un cours du biologiste John Muir Laws sur le dessin d’oiseaux. Depuis le début de la pandémie, l’offre de formations en ligne a explosé. Mais il n’est pas donné à tout le monde de savoir enseigner devant une Webcam ; peu de ces cours se révèlent pertinents. Je n’avais donc pas beaucoup d’attentes avant de commencer ce cours d’Audubon. Et j’ai été impressionné par le dynamisme de ce professeur. Son enseignement est clair et bien structuré. L’équilibre entre théorie et pratique est parfait. Voici le premier cours de la série (durée : environ 2 h)

Apprendre à porter attention

L’être humain a poursuivi son évolution pendant des milliers d’années grâce à sa capacité à focaliser son attention sur ce qui a un lien direct avec sa survie : dangers, prédateurs, nourritures. Les autres stimulus, qui sont nombreux en nature, sont perçus puis immédiatement oubliés. C’est ce qui rend difficile le dessin des oiseaux (qui ne sont généralement ni menaçants, ni alléchants). Après avoir observé un oiseau quelques secondes, on se penche pour dessiner et l’image de l’oiseau s’est déjà volatilisé de notre esprit.

Pour entraîner cette attention et améliorer notre mémoire visuelle, John Muir Laws propose plusieurs stratégies : faire appel aux sensations tactiles et imaginer que l’on caresse le dessus de l’oiseau pour en déterminer le contour, en mimant le geste. Cette ligne du dos de l’oiseau est l’une des plus importantes puisqu’elle détermine la posture et l’attitude. Pour ancrer davantage cette perception, il propose de la verbaliser tout en faisant le geste :
« Rondeur, descente abrupte, petite pointe, ligne droite, etc. ». De cette façon, au moment de commencer le dessin, la perception sera solidement ancrée dans notre esprit. Une fois la ligne du dos tracée, John Muir Laws recommande de se poser des questions pour déterminer les proportions de la tête et du corps, l’angle du bec (qui déterminera la position des yeux), et l’angle des pattes qui émergent du plumage. Et ça fonctionne !  J’en suis au troisième et dernier cours qui sera diffusé demain. J’ai déposé sur cette page les meilleurs dessins réalisés avec cette méthode.

 

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