J’allume une étoile

Louisette Dussault s’est éteinte le 14 mars dernier, à l’âge de 82 ans. On se souviendra d’elle comme d’une comédienne lumineuse, inclassable et engagée. Pionnière du théâtre québécois, elle a cofondé trois compagnies théâtrales (l’Amorce, le Huitième étage et les Enfants de Chénier) et joué, entre autres, Tremblay, Ducharme et Jovette Marchessault. Pendant un demi-siècle, elle a brillé aussi bien sur scène qu’au cinéma et à la télévision. Dans Les Fées ont soif de Denise Boucher, elle incarnait une statue de la Sainte-Vierge qui aspirait à devenir une femme à part entière. Elle a écrit et interprété tous les rôles de la pièce Moman qui a tourné dans toute la francophonie, après son succès au Québec. À la télévision, elle a tenu le rôle-titre de la toute première série quotidienne québécoise, Marilyn, écrite par Sylvie et Lise Payette.

Louisette Dussault dans son rôle de la Souris verte (1964)
Louisette Dussault (1940-2023) dans La Souris verte, photo d’archives de Radio-Canada, j’ai fait la colorisation.

Mais pour moi, elle restera pour toujours la Souris verte qu’elle a incarnée de 1966 à 1971. J’ai grandi dans un foyer où la chaleur était rare, la souris verte m’a appris la douceur, la bienveillance, l’humour et la curiosité. La télévision (et plus tard les disques 33 tours) m’ont offert ce personnage comme un repère solide. Encore aujourd’hui, le souvenir de sa lumière me fait du bien. Merci Louisette.

 

Pour en savoir plus :

Festival de Guanajuato

Je viens d’apprendre que Solstice sera projeté gratuitement pour les enfants de Guanajuato (Mexique), le 11 novembre prochain, dans le cadre de la 11e édition du Festival GUCE. Ça me fait toujours un velours d’imaginer une salle d’enfants découvrant cette histoire que j’ai imaginée pour eux. Le film est si court, j’espère qu’ils auront le temps de s’y projeter. Sur Wikipédia, j’ai appris que la ville de Guanajuato, capitale de l’état du même nom sur le plateau central du Mexique, est jumelée à la ville de Québec.

Affiche du festival GUCE« Le Festival du film européen de Guanajuato (GUCE) est un festival universitaire annuel qui se tient dans la ville de Guanajuato, au Mexique, et qui permet de profiter d’un cinéma européen de qualité et de créer une synergie entre les industries cinématographiques d’Europe et du Mexique. Il propose des productions cinématographiques européennes qui ont remporté un grand succès auprès de la critique et du public, ont été récompensées par les académies de cinéma de leurs pays respectifs et représentent des exemples pertinents de la réalité cinématographique des nations européennes.

Il offre également des espaces pour l’analyse de la réalité cinématographique européenne et mexicaine, et permet de profiter d’autres manifestations culturelles à travers leur relation avec le cinéma, ce qui propose une expérience intense du cinéma en général et du cinéma européen en particulier, visant à réaffirmer que le cinéma, après plus d’un siècle d’existence, est un phénomène social et culturel de premier ordre. » – site du Festival GUCE

Cette année, le festival présentera une rétrospective du cinéma polonais.

Tour de cine para niños

Je peux ajouter un troisième laurier à la bannière de mon court-métrage. Solstice fait partie de la sélection officielle du Tour de cine para niños. Mon film poursuit sa carrière de court métrage étudiant. Il a essuyé de nombreux refus et a été adopté par quelques comités à travers le monde. C’est toujours une joie d’apprendre une sélection. Et encore plus dans ce cas-ci puisque je sais que le film sera projeté en salle, devant des enfants en chair et en os.

Solstice, bannière Web
Tour de cine para niños est un festival de films pour enfants à but non lucratif, présenté par l’organisme Retransmisión, en collaboration avec des musées et des festivals dans trois villes de la République mexicaine. L’édition 2021 se déroulera dans un format hybride à la fois en ligne (exclusivement pour le Mexique), du 26 novembre au 10 décembre, puis en salles dans les mois suivants.

Sélection 2021

Ressac

Quatre années durant, j’ai focalisé toutes mes énergies vers l’atteinte d’un seul objectif : terminer ce DEC en dessin animé. Je suis exigeant avec moi-même et j’ai tendance à mettre tous mes œufs dans le même panier. J’ai obtenu d’excellents résultats, terminé mon film qui a même remporté une bourse. La pandémie a fait tomber tous les rituels de passage et du jour au lendemain… tout était fini. Je me retrouve devant un grand vide sans trop m’y être préparé. Je me sens lessivé, amoché. Me rendre jusque là en solitaire m’a demandé tellement d’efforts que je n’avais pas envisagé la suite. Des questions existentielles s’élèvent devant moi. J’ai complété ces cours en me disant que ce bagage me serait utile en bande dessinée. Est-ce le chemin que je veux emprunter ? J’ai pensé que dessiner pour gagner ma vie me suffirait. Est-ce le cas ? Je n’en suis pas sûr.

J’avais prévu de prendre quelques semaines de recul. Je sais que je dois laisser la poussière retomber. Accepter ce moment de flottement. Mais je ne suis pas doué pour le repos. Je me suis remis à courir avec plus de sérieux. Et à lire, avec plus de liberté. Dans l’espoir que des voies mûrissent avec l’été.

Je lis en ce moment La dramaturgie, d’Yves Lavandier. Dans une longue entrevue, la cinéaste d’animation, Diane Obomsawin avait mentionné ce titre qui traite de scénarisation. C’est un ouvrage bien structuré, clair et particulièrement généreux. Ce que j’ai trouvé de mieux jusqu’ici sur le sujet. Yves Lavandier s’inspire autant de La poétique d’Aristote que des maîtres du cinéma hollywoodien. Il puise ces exemples dans les chefs d’œuvres de la littérature universelle, la bande dessinée et les séries télé. Et souligne à maintes reprises l’importance de la structure dans un récit. Je réalise que les principes du design : unité, contraste, rythme et dominance, sont tout aussi pertinents en scénarisation qu’en conception visuelle !

Scène du film North by Northwest (1959)
Scène du film d’Alfred Hitchcock, North by Northwest (1959), un scénario diablement efficace qu’Yves Lavandier cite en exemple. © MGM
La dramaturgie, l'art du récit, couverture
Feuilleter ce livre.

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Yves Lavandier, La dramaturgie, l’art du récit
Les Impressions Nouvelles, 2019

Klaus : Incandescent

Lorsqu’au début des années 2000, les studios Disney délaissent le dessin animé pour se tourner vers l’animation 3D, plusieurs annoncent la mort de l’animation traditionnelle. Après les succès de Pixar (Toy Story et Cie), le 3D s’accapare le territoire du cinéma d’animation américain. Le dessin animé est relégué à la télévision et aux productions médiocres. Encore aujourd’hui, quand je parle de mes études en dessin animé, on me regarde avec perplexité : « Tu fais de la 3D, non ? »

tiré de la bande annonce de Klaus

C’est donc en nageant à contre-courant que Sergio Pablos, animateur de renom, s’est lancé dans la réalisation d’un long métrage entièrement dessiné par des humains. Sergio Pablos ne cherchait pas à revenir à l’âge d’or de l’animation, mais à pousser le dessin animé au-delà des limites de l’animation 3D. Pour illustrer ce qu’il avait en tête et vendre le projet, il a réalisé la bande-annonce que voici en 2015. Depuis, tout le milieu de l’animation attendait avec fébrilité la sortie du film. C’est finalement grâce à Netflix que le projet s’est concrétisé, juste à temps pour les Fêtes 2019… Et les attentes n’ont pas été déçues.

Prouesse technique et chef d’œuvre de direction artistique, Klaus est un film européen taillé pour les marchés américains. Original, maîtrisé et visuellement magnifique. Faites-vous plaisir, allez voir Klaus!

Préproduction

J’aperçois enfin la fin de session qui se dessine à l’horizon. Je rêve d’avoir deux jours de congé collés, lové dans mon divan. (MAJ : ça se concrétisera le 21, 22 et 23 décembre!)

couverture du recueil de modèles
Couverture du recueil de modèles, sur laquelle j’ai passé trop de temps…

La fin de cette session correspondra à la fin de la préproduction. Ces dernières semaines seront intenses. Je dois terminer le recueil de modèles qui permettrait à une équipe fictive de terminer le film sans moi, en cas de décès, produire une première version des décors à la ligne de tous les plans (la mise en place/lay-out), planifier le timing de toute l’animation (les feuilles d’exposition ou xsheet) bâtir et documenter la maquette des effets spéciaux pour deux plans. Je dresse des listes et j’essaie d’avancer un pas à la fois, sans trop regarder la montagne qui s’élève devant moi. Lire la suite

Soir d’orage à Budapest

Réalisée pour le cours d’effets spéciaux, la scène se déroule dans une chambre de Budapest avec vue sur le Danube et le parlement hongrois. Ces 14 secondes ont demandé beaucoup de travail. Je suis particulièrement fier de la petite buée dans le bas de la vitre, du tremblement de la caméra au coup de tonnerre et de la tapisserie inspirée des motifs de la culture magyare. J’aime fignoler les détails que personne ne remarquera : j’avais pensé mettre les titres au dos des livres, dans la bibliothèque, mais c’était trop petit…

La scène a été colorée sur Photoshop avec des textures à l’aquarelle et animée sur Harmony. Ce projet marque la fin d’une étape. Dans quelques semaines, la préproduction de mon film de finissant sera complétée et la production se mettra en branle. Pendant le congé des Fêtes, je dois travailler à temps plein sur la colorisation des décors et une première version de l’animation des 12 scènes.

Orage à Budapest

Boy & the World, la rébellion de l’imagination

C’est mon professeur de lay-out qui m’en a parlé le premier. Il croit que j’erre quelque part entre le réalisme et la stylisation (qu’il appelle l’allégorie). Pour lui le film Boy & the World (O Menino e o Mundo) est l’exemple parfait d’une stylisation à la fois extrême et parfaitement réussie. Le soir même, je regardais une entrevue d’Ed Hooks, homme de théâtre et auteur d’Acting for animation. Il citait lui aussi Boy & the World comme un exemple, mais cette fois-ci du jeu d’acteur des personnages. Il fallait que je voie ce film.

Visuellement, le film est un enchantement. Le réalisateur brésilien Alé Abreu a choisi d’utiliser au maximum les textures de la peinture, du papier, des crayons à colorier. Le personnage principal est un enfant de sept ans, simplifié à l’extrême, mais extraordinairement expressif. Le scénario qui se développe en spirale est parfaitement cohérent avec le visuel et le propos. C’est un film brillant, émouvant et une prouesse technique.

image du film Boy & the World

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La plus simple expression du voyage du héros

Je suis en train de lire Le guide du scénariste de Christopher Vogler et j’essaie d’en appliquer les principes pour simplifier mon scénario et en améliorer l’impact. Vogler synthétise la théorie du monomythe de Joseph Campbell et explique ses applications en scénarisation.

Dans un billet de blogue, Hero’s Journey Short Form, Christopher Vogler répondait à un étudiant qui lui demandait comment adapter sa structure à un court-métrage. Je me suis demandé : qu’en est-il d’un film de 30 secondes ? Les étapes conservées par Christopher Vogler pour un court métrage sont encore trop nombreuses pour être toutes incluses dans un film aussi court.

À partir de sa structure, j’ai fait une analyse (absolument pas scientifique) d’une quinzaine de courts métrages de 30 secondes, réalisés par des étudiants du CÉGEP du Vieux Montréal et de l’École des Gobelins. Lire la suite