J’ai traversé les dernières années comme un long tunnel. J’ai retenu ma respiration. J’avais le sentiment que mon temps était compté, que c’était peut-être ma dernière chance de vivre pour dessiner. Après trois années de cours au collégial et deux autres à bosser sur des productions américaines dans un studio d’animation de Montréal, j’ai remis ma démission. Épuisé. J’ai eu envie, au moins pour un temps, de mettre mes énergies sur ce qui m’a amené dans ce domaine, le désir de faire de l’illustration et de la bande dessinée. Je me retrouve devant une page blanche, avec l’espoir que le blanc du papier se peuple de mes envies et de mes aspirations. Je plisse les yeux, ébloui. Et j’ai encore bien du mal à rester immobile et à supporter l’incertitude et le silence. Respirer.
Hors du cadre, c’est le ressac. Mes démons m’attendaient au détour…
Pendant longtemps, je n’envisageais même pas la fin de cette formation en dessin animé. Je traversais une session à la fois, sans regarder plus loin. Puis, j’ai réalisé que les années avaient passé, que terminer devenait possible. Afin de rendre cet objectif encore plus tangible et de nourrir ma motivation à persévérer, j’ai commencé à rassembler dans une boîte à chaussure ce qui pourrait faire office de cadeaux de fin d’études. J’y ai d’abord déposé les stylos pinceaux qu’un ami de mon coloc m’avait rapportés du Japon et que je n’ai jamais essayés, faute de temps. Se sont ajoutés un Moleskine rouge, puis d’autres éléments que je serai heureux de retrouver lorsque le temps libre sera de retour dans ma vie.
Dessin de Léonie Bischoff, Anais Nin, sur la mer des mensonges, source : Casterman
un Moleskine rouge, un autre pour l’aquarelle et plusieurs carnets à dessin de format et de qualité variable ;
une boîte de crayons Aristochrom de Koh-i-Noor à mines multicolores. Ce sont les crayons que Léonie Bischoff a utilisés pour réaliser le fascinant album Anaïs Nin, sur la mer des mensonges ;
une réserve de crayons HB ;
The Modern Library Writer’s Workshop, un ouvrage sur l’écriture de fiction, découvert par hasard dans une conversation sur Twitter. Parce que l’écriture me manque et que je compte bien continuer à inventer mes propres histoires ;
et finalement, j’y ai remisé mon harmonica. Je n’ai pas trouvé le temps d’y toucher depuis plusieurs mois.
En ce moment, les journées se suivent et se ressemblent dans mon bureau sans fenêtre. L’animation peut être une tâche fastidieuse. Je travaille de chez moi depuis janvier. Je rencontre deux professeurs chaque semaine, j’ai néanmoins le sentiment de travailler seul sur ce projet. C’est parfois lourd à porter. Nos films seront présentés le 25 mai prochain, lors d’une soirée de gala virtuelle. Je soulignerai l’événement en levant un verre de mousseux californien, de mon salon. Je ne sais pas de quoi sera fait l’avenir. Mes seules certitudes sont rassemblées dans une boîte à chaussures, comme un message dans une bouteille qui me soufflera à l’oreille : dessine, invente, n’arrête pas de créer.
Petit à petit, ce site se transforme. Je blogue depuis 2006 et l’Internet a bien changé depuis. Mes carnets, d’abord très personnels, ont migré plusieurs fois avant de faire place à un site plus professionnel. Je suis généreux de nature. J’aime collectionner les hyperliens, dresser des listes et ajouter une section « pour en savoir plus » à toutes mes publications. L’époque est désormais à la brièveté, j’ai donc choisi d’élaguer le superflu. Mais avant que certaines informations se perdent dans le foisonnement des archives de ce site, je voudrais les remettre en lumière.
Pour commencer, voici la liste des films d’animation et des bandes dessinées qui ont changé mon regard sur ces médiums :
When the Day Breaks (Quand le jour se lève) de Wendy Tilby et Amanda Forbis, Palme d’or du court métrage à Cannes (1999)
Après une enfance bercée par les dessins animés de Walt Disney et les séries japonaises, ces films ont transformé ma vision de l’animation :
Quelques titres en bande dessinée qui m’ont fait redécouvrir la bande dessinée à partir des années 2000 et qui m’ont donné envie de m’y mettre à mon tour :
J’ai eu un coup de cœur pour ce court-métrage d’animation en volume (stop-motion) d’Ainslie Henderson. C’est à la fois une réflexion sur le médium, sur l’Art et sur la condition humaine. Prenant et poétique.
Voici les six premières planches couleur de Retrouver Gizmo, une histoire sur laquelle je travaille depuis le mois de janvier. Je me débrouille un peu mieux avec la couleur. Bonne lecture !