Un soutien-gorge pour Molly

Affiche de Central ParkApple TV+ vient de mettre en ligne la bande-annonce de la 3e saison de Central Park. Je peux donc désormais en parler ! Tous les segments chantés des trois saisons ont été réalisés à Montréal. La scène qui suit, tirée de la 2e saison, a été l’une des premières séquences à m’être confiées. (C’est aussi l’une des chansons que je préfère.) J’ai fait le décor de toutes les scènes du grand magasin ; le bureau a été réalisé par un autre artiste. Je n’aurais jamais pensé avoir à dessiner autant de soutiens-gorge…

Je n’étais pas un adepte de la série. Bien souvent, je coupais le son des scènes sur lesquelles je devais travailler. Mais à force de dessiner leur quotidien, je me suis attaché aux personnages. Et c’est bien agréable de les voir évoluer dans des décors sur lesquels j’ai travaillé pendant des semaines. Lire la suite

Scène estivale

Plouf ! À partir d’un exercice scolaire réalisé sur papier, j’ai complété cette scène en digitrad sur Toon Boom Harmony. 135 dessins pour 3 secondes d’animation. Décors peints sur Photoshop. Le saut a été influencé par les tutoriels d’Aaron Blaise. Et j’ai appris beaucoup sur le mouvement de l’eau dans l’ouvrage de Joseph Gilland, Elemental Magic, technique of special effects animation (2012).


Avec le son, c’est encore mieux !

Le Jour J

Image du film Solstice
C’est ce soir que sera présenté pour la première fois mon film de fin d’études, Solstice. C’est l’aboutissement d’une aventure qui aura finalement duré quatre ans. Un changement de carrière à la mi-temps de la vie, un retour au collégial avec des étudiants qui auraient pu être mes enfants, quatre années de doutes et de remises en question. Et la réalisation d’un premier court métrage en pleine pandémie. J’ai atteint, un à un, chacun des objectifs qui se sont précisés au cours des dernières années. J’ai désormais un pied dans l’industrie de l’animation, une plus grande confiance dans mes moyens et tout un bagage pour continuer à dessiner.

Le moment est venu de lâcher prise et de laisser mon (très) court métrage prendre son envol…

MAJ 26-05-2021 : Solstice a remporté la bourse Cinesite lors du gala des finissants en dessin animé. « Pour l’exécution globale de l’histoire et la maîtrise des couleurs, qui étaient très harmonieuses. Tous les ingrédients sont bien balancés, aussi bien l’ambiance, le rythme que les compositions. » – Aude Besrest, Cinesite

18 jours

Affiche du film SolsticeLe temps s’accélère. J’en suis à compter les jours. Je dois remettre mon film le 9 mai. Je termine l’animation ces jours-ci. Mais il reste un paquet de retouches à faire pour le son, la couleur, les effets. Et on dirait que plus le temps se comprime, plus j’ai tendance à procrastiner… Première : le mercredi 26 mai 2021.

La vallée

Le projet avance. Voici, en primeur, trois des décors du court-métrage sur lequel je travaille en ce moment : Solstice. Mon protagoniste marche pieds nus ce qui signifie que je dois dessiner 120 orteils pour chaque seconde de film. (J’ai une espèce de dyslexie pour les orteils. Il m’arrive fréquemment de dessiner deux pieds gauches ou deux pieds droits). Quand l’animation me sort par les oreilles, je me repose en peaufinant les décors. Les hautes herbes me permettront de prendre une pause d’orteils dans quelques scènes. Je dois remettre tout le matériel : animation, décor, couleurs et effets le 9 mai. Et la première (en ligne) aura lieu le 26 mai 2021 !

Le jour s’apprête à se lever sur une vallée que le personnage découvre en sortant de la forêt.
Tous les décors sont en multiplan. La brume sera animée et traversée de lucioles.
Dessinés dans Photoshop, les effets finaux (le soleil qui se lève, par exemple) seront réalisés avec After Effects.

Élagage · deuxième partie

Petit à petit, ce site se transforme. Je me laisse influencer par Marie Kondō et j’élague le superflu. Avant que certaines informations se perdent dans le foisonnement des archives, je voudrais les remettre en lumière :

En 2017, tout au début de mes cours en animation, j’ai commencé à dresser la liste des ouvrages essentiels pour le dessin, la bande dessinée ou l’illustration. Les livres n’étaient pas mis de l’avant dans la plupart des cours et ça me manquait.

Composition et cadrage

  • Daniel Arijon, Grammar of the film language, Focal Press, 1976 · Plutôt difficile à trouver ! On peut le consulter ici.
  • Molly Bang, Picture this, perception & composition, Bulfinch Press, 1991 · Les rudiments de la composition avec des exercices pratiques.
  • Bernard Duc, L’Art de la composition et du cadrage : Peinture, photographie, bandes dessinées, publicité, Fleurus, 1992 · Le guide pour comprendre la composition. (disponible en bibliothèque)
  • Marcos Mateu-Mestre, Framed Ink, Drawing and composition for visual storytellers, Design Studio Press, 2010 · Rien de mieux que la démonstration par l’exemple !
  • Gustavo Mercado, Filmmaker’s Eye: Learning (and Breaking) the Rules of Cinematic Composition, Focal Press, 2010 · Des tonnes d’exemples magnifiques tirés de grands films.
  • Jean Mitry, Esthétique et psychologie du cinéma, Éditions Universitaires, 1965 · Pour les courageux.

Couleur

  • Johannes Itten, Art de la couleur, approche subjective et description objective de l’art, dessain et Tolra, 2004 ·  Johannes Itten, qui a enseigné au Bauhaus, est le guide idéal pour aborder avec sérieux l’univers infini de la couleur.
  • Ludwig Wittgenstein, Remarks on colors, Blackwell 1977 · Mentionné par Zviane dans Ping-Pong. Pas facile à trouver…

Conception de personnage


Conception de décor

  • Tod Polson, The Noble Approach, Maurice Noble and the Zen of Animation Design, Chronicle Books, 2013 · À la fin de sa carrière, Maurice Noble partage sa méthode de travail et sa vision du design pour l’animation, de l’idéation jusqu’au dessin final.
  • Hans Bacher, Dream Worlds, Production Design for Animation, Focal Press, 2006 · Ce très beau livre regorge d’exemples inspirants, mais le propos est plutôt mince. The Noble Approach est beaucoup plus complet.

Anatomie humaine et animale

Auriez-vous d’autres ouvrages à proposer?

Retour au film

Le retour au travail est un choc pour le corps. À l’adaptation aux nouvelles tâches et aux quarante heures s’ajoute la technologie qui fait des siennes. Ma débrouillardise est régulièrement poussée à ses limites. Mais jour après jour, j’y arrive. Et malgré la confusion des six derniers mois, j’ai su garder le cap. Je profite en ce moment des avantages du télétravail. Après la fête du travail, je retourne au bureau avec une certaine inquiétude.

Chaque matin depuis le début du confinement, je traverse au parc La Fontaine. J’y ai repris la course. Et les jours de repos, je viens m’y asseoir avec un café pour dessiner avant le début de la journée de travail. Ce rituel est essentiel à ma santé mentale. Dans la pente laissée en friche près de l’étang, le bruissement des grillons a remplacé le grelot des crapauds. Ce son me fait du bien. Il dit qu’à la fin, quand les hommes auront été au bout de leur saccage du monde, la vie sera toujours là. La vigne vierge et la vigne des rivages s’y emmêlent aux verges d’or et aux chardons. Je crois y apercevoir un aulne et un rosier sauvage ainsi qu’une myriade de plantes que mon ignorance laisse dans le noir.

Après avoir arrêté les cours à la fin mars, j’ai pris quatre mois de recul, un temps où je me suis concentré sur la préparation de mon portfolio et la recherche d’emploi. Des démarches qui se sont révélées fructueuses. Même si mon temps est désormais limité, l’envie de terminer le projet de film n’est pas complètement éteinte. Et en revoyant ce premier plan, presque terminé, je retrouve l’envie de m’y replonger.

Pour cette scène, il me reste à ajouter des ombres pour modeler la panthère. Peut-être ajuster la taille des grains de poussière. Des détails que je garde pour la fin. Je dépose cette scène ici comme un souhait. Celui de terminer ce film. Et peut-être un jour, qui sait, de le voir projeter sur un grand écran.

Des nouvelles de l’intérieur

J’ai appris la fermeture du Cégep en jetant un œil à mon téléphone. J’ai reçu la nouvelle avec un immense soulagement. La semaine de relâche était sur le point de commencer, mais je sentais bien qu’une semaine n’allait pas suffire. J’étais épuisé. Début mars, j’avais du mal à trouver le sommeil et il y avait des moments où je perdais complètement le fil de ce que racontait le prof à l’avant de la classe. La fatigue s’accumulait depuis longtemps. Les quelques soirs où je travaillais comme serveur était devenus des épreuves insurmontables. J’avais laissé tomber la course, puis le peu de vie sociale qui me restait. Je suis doté d’une très grande capacité d’adaptation, mais au cours des dernières années, j’ai poussé cette faculté jusqu’à ses dernières limites. Lire la suite