C’est mon professeur de lay-out qui m’en a parlé le premier. Il croit que j’erre quelque part entre le réalisme et la stylisation (qu’il appelle l’allégorie). Pour lui le film Boy & the World (O Menino e o Mundo) est l’exemple parfait d’une stylisation à la fois extrême et parfaitement réussie. Le soir même, je regardais une entrevue d’Ed Hooks, homme de théâtre et auteur d’Acting for animation. Il citait lui aussi Boy & the World comme un exemple, mais cette fois-ci du jeu d’acteur des personnages. Il fallait que je voie ce film.
Visuellement, le film est un enchantement. Le réalisateur brésilien Alé Abreu a choisi d’utiliser au maximum les textures de la peinture, du papier, des crayons à colorier. Le personnage principal est un enfant de sept ans, simplifié à l’extrême, mais extraordinairement expressif. Le scénario qui se développe en spirale est parfaitement cohérent avec le visuel et le propos. C’est un film brillant, émouvant et une prouesse technique.
Boy & the World a été nominé pour l’oscar du meilleur film d’animation en 2016, remporté par Vice-Versa des studios Disney/Pixar. En jonglant avec la stylisation de mes personnages, je réalise le tort qu’a fait le monopole de Walt-Disney/Pixar en imposant au fil des années un style et un humour de plus en plus uniforme. Ce monopole influence jusqu’à ma façon de dessiner et de penser l’animation. Le style Disney/Pixar est devenu la norme, et toutes les autres façons de faire ont été repoussées dans la marge. Boy & the World est une œuvre d’art. Et un acte de rébellion singulier dans le petit monde de l’animation.
Bande annonce :