J’ai retrouvé tant d’histoires qui ressemblent à ma prémisse. Je la croyais unique, née en gribouillant autour de devoirs des cours d’animation ou de personnage. C’est probablement qu’elle touche à quelque chose d’universel, l’archétype de l’enfant qui rencontre les forces de la nature sous les traits d’un fauve. C’est d’ailleurs l’un des arcanes majeurs du tarot: La force.

[…] Des personnages archétypes sont propres à susciter presque automatiquement chez le lecteur des mouvements affectifs très puissants. […] L’archétype est un modèle très, très ancien, qui constitue peut-être un élément essentiel de l’hypothétique « inconscient collectif » ; le stéréotype fait semblant de le transformer au cours des différentes époques, chaque société choisissant sa ou ses variante(s). […]
— Élisabeth Vonarburg

Travailler avec un archétype a de grands avantages, surtout lorsque le temps est limité. L’archétype permet au public d’accéder à une compréhension immédiate des enjeux. Mais pour ne pas tomber dans sa version industrielle, le stéréotype, il faut donner à l’archétype de l’épaisseur et de la nuance, le complexifier, ne pas négliger ni ses parts d’ombre ni ses parts de lumière. Il faut finalement savoir l’aborder avec une vision personnelle.

Comme l’archétype du savant fou ou de l’artiste maudit, je me triture les méninges pour que mon histoire soit à la fois cohérente et étonnante, limpide et mystérieuse. Ça se rapproche parfois d’une forme de procrastination. Tant que je suis dans ma tête, tout est possible. Il me faut m’astreindre à plonger dans le réel, expérimenter avec le dessin, les couleurs, affronter les réactions des autres. J’y arrive à petite dose, un peu chaque jour. Mais je serais rassuré si je pouvais avancer plus rapidement !

Citation : Élisabeth Vonarburg, Comment écrire des histoires: guide de l’explorateur, Les éditions La Lignée, 1986